Anatoly Karpov

Anatoli Ievguenievitch Karpov ( né le 23 mai 1951 à Zlatooust, dans l’oblast de Tcheliabinsk en URSS, est un joueur d’échecs soviétique, puis russe. Il est grand maître international d’échecs et ancien champion du monde. Il possède un des plus grands palmarès de l’histoire du jeu avec, en juillet 2005, plus de 160 premières places en tournoi ou match à son actif.

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Le formidable Anatoly « Tolya » Karpov

Le petit Tolia apprit à jouer à l’âge de 4 ans et à 11 ans il devenait candidat à la maîtrise. À 12 ans, il fut admis dans la prestigieuse école d’échecs de Mikhaïl Botvinnik à Moscou. Ce dernier aurait alors dit à son sujet: « Ce garçon ne comprend rien aux échecs et il n’a aucun avenir dans cette profession ». Mais l’enseignement du père des échecs soviétiques développa rapidement sa compréhension de la théorie, puisque, à l’âge de 15 ans, Karpov devenait Maître national et égalait ainsi le record de précocité que Boris Spassky avait établi en 1952.

Après quelques tournois juniors disputés et gagnés en Union soviétique et à l’étranger (Třinec (+9 =4) en 1966), il remporta en 1967 le championnat d’Europe junior de Groningue (+4 =3) et en 1969 le championnat du monde junior à Stockholm avec 10 points sur 11 (+9 =2). Grâce à cette victoire, il obtint le titre de maître international et devenait le premier Soviétique depuis Boris Spassky en 1955 à remporter ce championnat.

En 1968, il entra à l’Université d’État de Moscou pour étudier les mathématiques, puis il demanda son transfert vers l’Université d’État de Léningrad d’où il sortit avec un diplôme d’économie. La raison principale de ce déménagement était de se rapprocher de son entraîneur Semion Fourman.

Sa première grande sortie parmi l’élite internationale lors du Mémorial Alekhine à Moscou en 1971 fut couronnée de succès. Il partagea la 1re place (+5 =12) ex-aequo avec Leonid Stein en devançantVassily SmyslovTigran Petrossian, Boris Spassky et Mikhaïl Tal, tous quatre ex-champions du monde. Et trois semaines plus tard, il remportait, ex-aequo avec Viktor Kortchnoï, le tournoi de Noël d’Hastings (+8 -1 =6). L’année 1972 fut surtout consacrée aux compétitions par équipes (Olympiade des Étudiants à Graz et Olympiade de Skopje). Il ne participa qu’au tournoi de San Antonio (Texas, États-Unis) où il termina 1erex æquo avec Tigran Pétrossian et Lajos Portisch (+7 -1 =7).

Durant sa prime jeunesse, Karpov avait pour livre de chevet un recueil de parties de José Raúl Capablanca. Les parties du grand joueur cubain influencèrent profondément son jeu qui s’orienta vers un pur style positionnel.

Karpov a toujours dit jouer « aux vrais échecs » et ne pas laisser place au « hasard » comme le faisait, par exemple, Mikhaïl Tal avec ses attaques virevoltantes et ses sacrifices invraisemblables, quoique parfois douteux, qui ébranlaient psychologiquement ses adversaires. La particularité de Karpov était d’obtenir un petit, voire minuscule avantage dans l’ouverture, puis de l’accroître progressivement par la pression sur une faiblesse créée dans le camp de l’adversaire jusqu’à ce que la position de ce dernier s’écroulât.

En outre, il se distinguait par la grande rapidité et la précision de ses calculs, ce qui lui permettait de jouer vite et d’empêcher ainsi ses adversaires d’élaborer leurs plans sur son propre temps de réflexion.

La victoire de Karpov sur Fischer « sur le tapis vert » et les moqueries qui s’ensuivirent en Occident, où la presse le qualifiait de « champion de papier », amenèrent Karpov à concourir dans les tournois où l’opposition était la plus forte. De 1972 à 1985, rares furent les tournois où la victoire lui échappa.

Matchs pour le championnat du monde

En 1978, son ami et entraîneur depuis 1968 Semion Fourman décéda et, la même année, à Baguio (Philippines), Karpov défendit son titre contre Viktor Kortchnoï qui avait fui l’URSS en 1976, était devenu apatride et avait perdu ses soutiens et secondants habituels. La fédération soviétique des échecs faisait tout pour écarter le dissident du circuit professionnel. Le match prit des allures de roman d’espionnage, car Karpov aurait utilisé les services d’un para-psychologue, le Dr Zoukhar, et deux yogis locaux vinrent pour aider Kortchnoï à contrer son influence. Ce dernier joua même avec des lunettes aux verres réfléchissants censés renvoyer les ondes négatives. Il protesta aussi contre l’apport, durant les parties, de yoghourts à Karpov où ses secondants auraient pu dissimuler des suggestions des meilleurs coups à jouer. Ce match dura trois mois (94 jours), marqué tant par les tentatives de déstabilisation psychologique que par les parties elles-mêmes. Cette confrontation, qui se jouait en six parties gagnantes, fut remportée à la 32e partie par Karpov, sur le score de 6 victoires à 5 (+6 -5 =21).

Au cycle suivant, en 1981 à Merano (Italie), Karpov affronta le même adversaire dans un match plus court et conserva le titre « à la régulière » en 18 parties sur le score de 6 victoires à 2 (+6 -2 =10).


En octobre 1984 – février 1985 à Moscou, il rencontra Garry Kasparov dans un match marathon. Comme précédemment, le match s’achevait dès qu’un joueur obtenait six victoires, les parties nulles ne comptant pas. Après 9 parties, Karpov menait 4 – 0, puis s’ensuivit une série de 17 parties nulles. Karpov gagna la 27e partie (5 – 0), puis Kasparov gagna la 31e partie (5 – 1). Mais, après une nouvelle série de 15 parties nulles, quand Kasparov remonta à 5 – 3, le match fut interrompu après la 48epartie, sans qu’un vainqueur fût désigné. On accusa le président de la Fédération internationale des échecs, Florencio Campomanes de protéger Karpov. Certains, comme Boris Spassky, surnomment alors ce dernier Karpomanès.

En septembre – novembre 1985, le match fut rejoué en 24 parties, Kasparov l’emporta : 13 à 11 (+5 -3 =16).

Par la suite, Karpov tenta trois fois de récupérer la couronne :

En 1986 eut lieu le match revanche, disputé à Londres et Léningrad, qui vit la victoire de Kasparov sur le score de 12,5 à 11,5 (+5 -4 =15).

En 1987, après qu’il eut écarté Andreï Sokolov de la course (+4 =7), sa confrontation de Séville contre Kasparov se disputa en 24 parties et s’acheva sur une égalité 12 à 12 (+4 -4 =16) qui favorisait le tenant du titre (Kasparov égalisa dans la dernière partie, conservant son titre de justesse).

Durant le cycle des candidats suivant, en 1988-1989, il élimina successivement Johann Hjartarson (+2 =3), Arthur Youssoupov (+2 -1 =5) et Jan Timman (+4 =5) et se qualifia à nouveau pour la finale de 1990, disputée à New York et Lyon, qu’il perdit 11½ – 12½ (+3 -4 =17).

Au cours de leurs cinq matchs, Karpov disputa un total de 144 parties contre Kasparov avec un résultat de +19 -21 =104.

En 1991-1993, après avoir battu Viswanathan Anand (+2 -1 =5), il perdit, en 1992, contre toute attente son match en demi-finale des candidats contre Nigel Short (+2 -4 =4), mais put récupérer le titre laissé vacant par Kasparov, en battant Jan Timman (+6 -2 =13), en 1993, car Garry Kasparov, qui s’était brouillé avec la FIDE, avait quitté la FIDE et créé un championnat du monde « parallèle » (PCA, Professional Chess Association) avec Nigel Short.

Lors de deux finales, il réussit à défendre son titre : en 1996, après avoir écarté Boris Gelfand (+4 -1 =4), il battit en finale Gata Kamsky (+6 -3 =9) ; et, en février 1998, en disposant de Viswanathan Anand, visiblement épuisé par les matchs de sélection, après des parties de départage (+4 -2 =2).

Karpov conserva son titre jusqu’au tournoi de Las Vegas en 1999 qui vit l’instauration d’un nouveau système à élimination directe pour décerner le titre et non plus un match entre le champion et un candidat. Karpov poursuivit la FIDE devant le tribunal arbitral du sport de Lausanne car son titre lui était acquis pour deux ans, mais un accord à l’amiable fut finalement trouvé. Il refusa cependant de participer à cette nouvelle formule et perdit son titre au profit du méconnu Alexander Khalifman.

En 2001, il fut rapidement éliminé au premier tour du championnat du monde FIDE à Moscou par le Chinois Zhang Pengxiang sur le score de 1 à 3 (=2, -2). La finale fut disputée en janvier 2002 et remportée par Ruslan Ponomariov.


En 1994, motivé par les critiques qui dévalorisaient son nouveau titre de champion du monde FIDE acquis en 1993 face à Jan Timman, il remporta le prestigieux tournoi de Linares qu’il n’avait jamais gagné seul et qui regroupe traditionnellement les meilleurs joueurs d’échecs au monde. Il établit au passage un record. En effet, lors de ce tournoi auquel participaient entre autres Garry Kasparov, Vladimir Kramnik et Viswanathan Anand, il ne perdit aucune partie et marqua 11 points sur 13 possibles (+9 -0 =4). Sa performance, qui laissait ses poursuivants Garry Kasparov et Alexeï Chirov à 2½ points, équivalait à un classement Elo de 2977. Ce fut, avec le tournoi de Moscou en 1981, le seul tournoi où il devança Garry Kasparov.

Palmarés sportif

  • Maître ès sport de l’URSS en 1966
  • grand maître de l’URSS et International depuis 1970
  • Maître émérite ès sport de l’URSS en 1974
  • Champion du monde FIDE en 1975, 1978, 1981, 1993, 1996 et 1998
  • Champion d’URSS en 1976, 1983 et 1988 (ex æquo avec Kasparov)
  • Vainqueur (avec l’URSS) des Olympiades en 1972, 1974, 1980, 1982, 1986 et 1988
  • Détenteur de l’Oscar du meilleur joueur de l’année à neuf reprises, en 1973, 1974, 1975, 1976, 1977, 1979, 1980, 1981 et 1984.

 

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