Robert James « Bobby » Fischer

Robert James Fischer dit Bobby Fischer (né le 9 mars 1943 à Chicago et mort le 17 janvier 2008 à Reykjavík) est un joueur d’échecs américain devenu islandais en 2005. Champion du monde de 1972 à 1975, il est considéré par les connaisseurs comme l’un des (sinon le) plus grands joueurs d’échecs de tous les temps. Il est également vu comme celui qui a contribué de façon décisive à l’amélioration des conditions financières et matérielles des joueurs d’échecs professionnels de par ses revendications exorbitantes.

Bobby Chess & Strategy

Le génialissime Bobby



C’est sa mère qui s’occupe de son éducation et de celle de sa sœur Joan, son aînée de six ans. Bobby ne verra plus son père. Regina et ses deux enfants déménagent à Mobile dans l’Arizona, puis s’installent deux ans plus tard à Brooklyn.

Un jour de 1949, Joan, pour distraire son petit frère, lui achète un jeu d’échecs au bazar du coin. Il apprend seul les règles à l’aide du feuillet joint au jeu. Ce n’est au début qu’un jeu comme les autres pour le petit Bobby. Néanmoins, la lecture d’un livre contenant des parties d’échecs change la donne. Regina, sa mère, raconte que lorsqu’il lisait ce livre, il était inutile d’essayer de lui adresser la parole.

Sa mère l’inscrit ensuite au Brooklyn Chess Club. Il participe à son premier tournoi à l’âge de dix ans.

En 1954, Bobby, n’ayant plus de rivaux dignes de ce nom dans le club de Brooklyn, s’inscrit alors au prestigieux Manhattan Chess Club, fréquenté par les meilleurs joueurs du pays.

Il s’essaye ensuite en 1956 au championnat open des États-Unis et se classe quatrième. Il remporte cependant, la même année, le championnat des États-Unis junior, ce qui constitue son premier réel succès.


En janvier 1958, Fischer devient champion des États-Unis à l’âge de 14 ans. Grâce à ce titre, il est qualifié pour participer au tournoi interzonal qui constitue l’étape suivante vers le titre de champion du monde. Cependant, personne n’est prêt à parier sur la qualification du jeune Fischer (les six premiers du tournoi interzonal étant qualifiés pour le tournoi des candidats). C’est donc une surprise lorsqu’il termine cinquième ex æquo de cette compétition, ce qui lui permet de se voir conférer le titre de grand maître international. Ce record de précocité ne sera battu qu’en 1991 par Judit Polgár.


Fischer est dès l’âge de 16 ans candidat au titre mondial, mais n’a pas la réussite escomptée. Lors du tournoi des candidats de 1962, il dénonce la collusion entre les trois premiers du tournoi, Tigran PetrossianPaul Kérès et Efim Geller, qui auraient conclu de courtes parties nulles entre eux pour préserver leur énergie contre lui. La FIDE change les règles du cycle de qualification en organisant des matches plutôt qu’un tournoi.

En 1967, Fischer se retire du tournoi de qualification de Sousse en Tunisie, qu’il domine largement, parce qu’il refuse d’affronter consécutivement plusieurs joueurs soviétiques sans avoir de jour de repos.

En 1970, il est repêché, grâce au désistement de dernière minute de son compatriote Pál Benkő, pour disputer le tournoi de qualification de Palma de Majorque qui se tient du 9 novembre au 12 décembre. Après un très bon départ, il subit une petite baisse de régime, mais se ressaisit sur la fin en remportant ses 7 dernières parties (dont l’ultime par forfait) pour gagner le tournoi avec 3,5 points d’avance sur ses plus proches poursuivants.

Par la suite, au mois de mai 1971 à Vancouver au Canada, il écrase le Soviétique Mark Taimanov par le score de 6 à 0. En juillet 1971, à Denver aux États-Unis, il écrase également le Danois Bent Larsen 6 à 0, malgré la conviction du maître danois de sa victoire. À Buenos Aires au mois de septembre 1971, Fischer fait face à Tigran Petrossian, joueur réputé pour sa solidité en défense. Après une défaite de chaque côté et trois parties nulles, Fischer aligne quatre gains et vainc l’ancien champion du monde par 6,5 à 2,5. Avant de perdre une partie contre Petrossian, Fischer a établi une série de 20 victoires (contre des GMI) consécutives en parties officielles, un record à ce niveau.

À l’issue d’un match mémorable en Islande, surnommé le match du siècle, qui tient le public en haleine, autant pour les parties que pour les péripéties hors compétition (menace de Fischer de ne pas participer, son forfait lors de la deuxième partie, ses exigences sur le placement des caméras ou le contact avec le public, etc.), il devient champion du monde à l’été 1972, en battant assez facilement le Russe Boris Spassky, champion du monde sortant. Ce succès, largement médiatisé, met temporairement fin à 24 ans d’hégémonie soviétique sur le monde des échecs, et est un tournant dans la compétition entre les États-Unis et l’URSS en pleine guerre froide.

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Le Match du sciécle Boris Spassky Vs Bobby Fischer

Mais Fischer ne dispute plus aucune partie officielle (tournoi ou match) depuis qu’il a conquis ce titre mondial. En 1975, il perd donc son titre par forfait pour avoir refusé les conditions du match dont le but était de remettre son titre en jeu contre son adversaire désigné, le jeune Soviétique Anatoli Karpov (contre qui il n’a jamais disputé la moindre partie).

Depuis 1975 et l’abandon de son titre, sa personnalité déjà fantasque bascule dans une paranoïa grandissante, notamment contre les Juifs et les États-Unis qu’il accuse de comploter contre lui. Certains attribuent son comportement à un désordre psychiatrique, le syndrome d’Asperger ou la schizophrénie paranoïaque.

Il disparaît complètement du monde échiquéen pour ne réapparaître qu’en 1992 pour un match revanche contre Boris Spassky, match que les organisateurs et Fischer qualifient abusivement de « championnat du monde », Fischer prétextant ne jamais avoir perdu son titre de 1972 sur l’échiquier. Ce pseudo-match se tient en Yougoslavie alors en pleine guerre civile et sous embargo des États-Unis. Fischer remporte à nouveau le duel, et empoche la somme de 3,35 millions de dollars. Il est alors poursuivi dans son propre pays pour violation de l’embargo et fraude fiscale ; il risque une peine de dix ans d’emprisonnement.

En 1989, il dépose un brevet pour une pendule d’échecs, qui ajoute un certain temps supplémentaire pour chaque coup joué afin d’éviter le Zeitnot. La « cadence Fischer » a été depuis adoptée par la Fédération internationale des échecs et est souvent pratiquée en tournoi dans la dernière phase de jeu. En 1996, il crée une variante du jeu d’échecs : les échecs aléatoires Fischer ; il a refusé depuis de jouer une partie qui ne se déroulerait pas selon ses règles.

Il séjourne ensuite plus ou moins clandestinement dans divers pays, la Hongrie, les Philippines, l’Argentine et le Japon, aidé par des sympathisants. Il y fait quelques brèves apparitions médiatiques, notamment pour des déclarations antisémites très controversées. Le 11 septembre 2001, quelques heures après les attentats de New York et de Washington, interrogé par Pablo Mercado, il s’emporte sur les ondes de Radio Bombo aux Philippines : « C’est une formidable nouvelle, il est temps que ces putains de juifs se fassent casser la tête. Il est temps d’en finir avec les États-Unis une bonne fois pour toutes (…) Je dis : mort aux États-Unis ! Que les États-Unis aillent se faire foutre ! Que les juifs aillent se faire foutre ! Les juifs sont des criminels. (…) Ce sont les pires menteurs et salauds ! On récolte ce qu’on a semé. Ils ont enfin ce qu’ils méritent. C’est un jour merveilleux. »

Le 13 juillet 2004, alors qu’il tente de s’envoler pour Manille, il est arrêté à l’aéroport de Tōkyō-Narita parce que son passeport américain a été annulé à son insu ; il est placé pendant neuf mois dans le centre de détention pour étrangers d’Ushiku au nord-est de Tokyo en attendant son extradition. En décembre 2004, devant l’émoi international causé par sa détention, il demande l’asile politique en Islande, lieu de la conquête de son titre de champion du monde. Il obtient finalement la citoyenneté islandaise le 22 février 2005et il peut rejoindre ce pays le 24 mars. Le département d’État américain se déclare alors déçu.

C’est durant cette période qu’il annonce son intention d’épouser Miyoko Watai, joueuse d’échecs et présidente de la fédération japonaise avec qui il vivait depuis 2000 ; elle l’accompagnera en Islande.

Il décède à 64 ans en Islande, le jeudi 17 janvier 2008 des suites d’une défaillance rénale. À sa mort, l’ancien champion du monde Garry Kasparov a déclaré que « Fischer peut tout simplement être considéré comme le fondateur des échecs professionnels et sa domination, bien que de très courte durée, a fait de lui le plus grand de tous les temps».

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